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vendredi 21 octobre 2016

Courir derrière ou marcher devant

Depuis 1949, nous courons derrière.

Nous, c’est à dire ceux que le Président américain Harry Truman avait alors appelé pour la première fois les «under-developed», les sous-développés.

Nous courons derrière parce que d’abord nous sommes partis après, bien après les pays européens, bien après l’Amérique. Plus d’un siècle après… Ça fait long un siècle pour une course à l’accumulation de richesses, une ruée vers l’or dans laquelle on sait que les premiers sont toujours les mieux servis…

Nous courons derrière parce qu’aussi nous allons moins vite. Nous avons été occupés, on a pillé nos ressources naturelles et nos forces vives, qui sont allées alimenter les grandes usines du nord en matières premières et garnir les chaines d’assemblage en main d’œuvre docile.

Après l’âge de la tutelle politique est venue celle de la tutelle économique. Nous sommes encombrés de chaînes qui s’appellent accords commerciaux internationaux, libéralisation des marchés financiers, endettement public, règles du FMI et de la Banque Mondiale; des chaînes qui nous forcent à prendre certaines directions et nous en interdisent d’autres. Ces chaînes qui nous entravent sont attachées à nos propres boulets que sont la corruption et la mal gouvernance.

Nos peuples sont dans certains cas mal nourris, leur santé est plutôt moins bonne que dans les pays riches, ils sont insuffisamment éduqués, mal protégés des aléas de l’existence, mal entrainés à résister aux exigences toujours plus sévères de la compétition économique mondiale.

Et pourtant on leur demande de continuer à courir derrière et même de rattraper les athlètes du capitalisme mondial, ceux qui ont derrière eux des années de pratique et d’entrainement dans des « installations » à la pointe de la technologie.     

Dans les années 80, le premier ministre anglais Margaret Thatcher s’était rendue célèbre avec le slogan « TINA » : THERE IS NO ALTERNATIVE, affirmant ainsi qu’en dehors de la compétition économique mondiale selon les règles et les modalités définies par le capitalisme néolibéral il n’y avait pas d’autre voie.

Et nous l’avons cru.
Et depuis nous courons toujours.
Derrière.
Toujours derrière.

Récemment, nous avons vu les champions européens et américains trébucher, certains se casser la figure et nous nous sommes dits : « Voici venue notre heure ! Ils commencent à fatiguer et nous allons bientôt pouvoir les rattraper ». D’ailleurs, eux-mêmes, les riches athlètes aux maillots couverts des marques de sponsors qui servent maintenant de culture universelle, semblaient nous inviter à les rejoindre, nous tendant la main, nous encourageant à faire des efforts…

Alors nous avons fait des plans. Des plans azurs, des plans verts, des plans gris, des plans sur la comète. Des plans pour enfin ne plus courir derrière mais devant. Sentir enfin sur nos visage le souffle frais du vent et pas l’odeur de transpiration de nos prédécesseurs…

Nous nous sommes mis à courir plus vite. Enfin nous essayons, parce que ce n’est pas facile avec toutes ces chaînes et avec tous ces boulets. Nous sommes tellement concentrés sur notre foulée, sur son accélération, la fameuse croissance du PIB, que nous n’avons même pas remarqué que ceux qui nous devançaient sont en train, imperceptiblement, de changer de couloir et bientôt de piste, peut-être même de stade.

Chez eux, bientôt on ne parlera plus de PIB et de revenu par tête mais de bien-être et de croissance durable ou verte. On ne parlera plus de standardisation de masse et de société de consommation mais d’autonomie et de communautés solidaires. On ne parlera plus d’agriculture productiviste mais de permaculture et d’agro-biologie soucieuse des sols et du climat. On ne parlera plus de grandes industries mais de Fab labs et d'impression unitaire d'objets.

Peut-être veulent-ils que nous continuions à courir pour assurer une transition aussi douce que possible à leurs économies et à leurs populations. Après tout, si tout le monde s’arrête de courir en même temps, ça risque de faire beaucoup de gens inoccupés d’un coup ; alors que si nous prenons le relais pendant encore quelques années, cela leur permettra de continuer à signer quelques contrats et à occuper leurs usines le temps qu’ils se soient totalement reconvertis à l’économie de demain.

A ce moment-là, ils n’auront plus besoin qu’on courre encore. Ils seront déjà loin. Nous, il nous faudra tout recommencer. Et nous aurons perdu beaucoup de temps. Encore une fois.

Le plus triste dans tout cela. C’est que dans le nouveau jeu économique qui se prépare, plus vert, plus solidaire, plus écologique, plus sain, c’est plutôt nous qui avons de l’avance. Nous n’avons pas encore complètement saccagé nos campagnes, détruit nos paysanneries, encombré toutes nos villes de voitures, dévasté nos cultures ancestrales, transformé le vivant en marchandises ou en produits financiers.  


Mais si nous continuons dans cette direction, si. Il est plus que temps de nous poser de vraies questions et surtout d’y apporter nos propres réponses. C'est à cette seule condition, que nous, les "pays sages" cesserons de courir derrière et pourrons enfin marcher devant. 

4 commentaires:

  1. Que c' est bien explique Ahmed....bravo pour cette lecon sur economie, pays riches et pauvres....et comme tu dis si bien continueront les pays riches a peofiter de la pauvvrete des autres ? Esperons que non......

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  2. Que c' est bien explique Ahmed....bravo pour cette lecon sur economie, pays riches et pauvres....et comme tu dis si bien continueront les pays riches a peofiter de la pauvvrete des autres ? Esperons que non......

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  3. Muchas gracias por tu comentario Ana Maria. Me da mucho placer que tu te interese a las ideas que yo trato de compartir en este blog. Con mucho cariño.

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  4. Nous devrions d'abord revoir tous les accords de libre échange signé à ce jour les super puissances car aucun n'est à l'avantage des pays dits sous-développés ou émergents. Favoriser plutôt des accords Sud - Sud mais à condition qu'on nous laisse tranquille sans qu'on vienne déclencher une guerre entre frères qui nous va nous broyer pour des décennies.

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