Lorsque l’on s’intéresse à la simplicité volontaire, il est facile de perdre rapidement le sens des réalités… Par là je ne veux pas dire que cette simplicité est utopique. Bien au contraire, il me semble que c’est le monde dans lequel nous vivons qui l’est, au travers de sa dimension la plus prégnante puisqu’elle a fini par constituer la trame sur laquelle se tisse la quasi-totalité de nos existences. Je veux bien entendu parler de la bureaucratie qui a peu à peu remplacé la réalité elle-même ou plutôt qui a réussi à redéfinir le sens de cette réalité.
4ème partie – Star Wars et l’utopie
bureaucratique
Depuis que nous
sommes partis, Ilyan a dû regarder au moins 35 fois tous les épisodes de la
saga Star Wars et, lorsque nous sommes arrivés à Sydney, il est allé deux fois
au cinéma voir le nouvel épisode. Je ne m’étendrai pas ici sur la fascination
qu’a exercé sur deux générations une œuvre de science-fiction que je juge plutôt
médiocre mais il me semble intéressant de m’interroger sur un fait
surprenant : le personnage préféré d’Ilyan n’est pas Luke Skywalker, le
héros de la première trilogie qui sauve le monde avec l’aide de la Force, ce
n’est même pas un autre chevalier Jedi ou même Han Solo, le contrebandier au
grand cœur joué par Harrison Ford. Non, son personnage préféré… c’est Dark
Vador, le méchant qui utilise le « côté obscur de la Force » pour
détruire des mondes et asservir des populations. Qu’est ce qui le fascine
autant dans ce personnage ? Et quel rapport cela a-t-il avec la
bureaucratie ? C’est ce que je me propose de discuter ici.
Science-fiction, Heroic Fantasy,
Super-héros : un monde en danger
Le monde
dans lequel nous vivons s'écroule, toute la culture populaire nous le dit. Pour
s’en convaincre, il suffit de regarder les films et les séries télévisées qui
sont produits aujourd'hui. Dans les années 50 jusqu'au tout début des années
70, les films et séries télévisées mettaient en scène des explorateurs ou des
colons dans un vaste monde vierge à découvrir ou à domestiquer, celui des
westerns ou des premiers téléfilms de science-fiction. Dans les années 80 et
jusqu'au début des années 2000, le monde des séries, tout comme le monde réel,
s'est rétréci, est devenu presque totalement urbain, et le héros un policier
(c’est-à-dire l'un des archétypes du fonctionnaire bureaucratique) qui cherche
à réduire le mal malgré la masse de procédures et de règlements qu’il est censé
appliquer (pensez « Darty Harry » ou « Starsky et Hutch »).
Les œuvres de science-fiction de l'époque reproduisent le même type
d'environnement noir, confiné, hyper-administré, violent (l'adaptation du roman
de Philip k. Dick « Blade-Runner » en est un excellent exemple).
Depuis 5 à 10 ans, les nouveaux films et surtout les
nouvelles séries sont dans un univers totalement différent: celui d'avant ou
après la « fin du monde », un univers dans lequel les héros cherchent
soit à éviter la catastrophe (Game of thrones et son « Hiver »
meurtrier, Extant, Zoo, Interstellar, Under The Dome , Heroes, ..) soit à recréer une vie après elle (Maze
Runner, ELysium, The Leftovers, The 100, The Walking Dead et ses nombreux
« clones », The Last Ship, ou, dans un registre plus léger, The Last
man on Earth, …). Le monde post apocalyptique est soudainement beaucoup plus
ouvert, vierge, dangereux bien sûr mais plein de possibilités techniques ou
magiques (comme dans l’univers peuplé d'elfes, de chevaliers, de druides et de
magiciens-sorciers de « The Shannara Chronicles » qui se passe
longtemps après une catastrophe ayant détruit notre civilisation dont on ne
voit plus que quelques ruines). Ce monde nouveau est à la fois une menace
constante pour la vie des personnages qui l’habitent mais aussi pleins d’opportunités
de « reconstruire quelque chose de nouveau », c’est-à-dire une
nouvelle société fondée sur des relations humaines différentes de celles que
nous pratiquons aujourd’hui, avec ou (plus rarement) sans l’aide de la
technologie.
Cette irruption du schéma apocalyptique dans l'imaginaire cinématographique
et télévisuel n'est bien entendu pas un hasard. Il est la marque d’une profonde
anxiété que nous partageons tous sur l’avenir de l’humanité sur cette planète.
Il n’est donc pas étonnant que dans cette ambiance millénariste, on voit aussi se
multiplier dans les films et les séries des formes d’existence étonnantes,
sortes d’abstractions de nous-même : des personnages extra-mondains, dotés
de super-pouvoirs, quasi transcendants, qu’en d’autres temps on auraient
appelés des « Dieux » ; des êtres qui sont à la fois nous et des
antithèses de nous ; nous, en cela qu’ils nous ressemblent sur bien des
aspects physiques et psychologiques ; anti-nous, en cela qu’ils sont
l’opposé de tout ce qui nous caractérise comme faibles et limités. Tous comme
les Dieux grecs avaient pour fonction de sauver l’homme de l’hubris, et le Dieu
des religions monothéistes de sauver nos âmes, les superhéros ont eux aussi une
fonction salutaire : celle de sauver un monde au bord de la destruction.
Les Super-héros : des bureaucrates
super-réactionnaires
Ces nouveaux
Dieux qui portent capes et épées lasers, qui sont-ils donc ? Que nous
disent-ils sur nous et en particulier sur ce que nous imaginons être la
« voie » qui mènera au salut de l’humanité ? Je ne vais pas
me lancer ici dans une anthropologie hasardeuse de ces personnages de fiction,
mais ils ont quelques traits communs qu’il me semble intéressant de partager,
d’autant que ces éléments se rapportent directement à la question de la
bureaucratie que j’essaie d’analyser dans cette série.
Tout d’abord, ce
sont des personnages d’action et même lorsqu’il y a un « penseur »
dans une équipe de super-héros, il est entouré de « gros bras » pour
les basses besognes. C’est d’ailleurs cette capacité à l’action qui donne son
nom au genre cinématographique dans lequel on classe habituellement ces films.
Il s’y passe toujours des tas de choses, qui semblent toutes des défis aux lois
les plus élémentaire de la physique : des courses poursuites à des
vitesses impossibles, des explosions multiples et spectaculaires qui soulèvent
des montagnes et aplatissent des villes, des coups de poings donnés avec un
telle force qu’ils pourraient arrêter un buffle dans son élan, … Cette violence
qui est faite au réel est avant tout une violence tout court : on tue, on
blesse, on torture et on emprisonne des gentils, des méchants et des innocents
dans un monde qui finit souvent en ruines, abandonnées à une foule d’émeutiers.
Le monde héroïque est un monde ou la force fait la loi et lorsque
l’intelligence joue un rôle ce n’est que pour rétablir l’équilibre des forces
par quelques stratagème tactique ou quelque machine de guerre ingénieuse.
Que font nos
super-héros, lorsqu’ils ne sont pas en train de briser des os ou de vaporiser
des méchants ? Ils sont en général en réunion ou dans un salon à attendre
que quelque chose se passe. Parfois, ils sont assis devant un écran et
recherchent des informations dans des bases de données dont la taille et la
précision des informations feraient pâlir d’envie les analystes de la NSA. On
ne les voit pas tailler des crayons, mais c’est seulement parce que les crayons
existent rarement dans les mondes hyper-techniques dans lesquels se déroulent
leurs aventures.
Enfin, en
comparaison de leurs super-pouvoirs, leurs missions sont singulièrement
limitées. Ambitionnent-ils de changer le monde ? Déchainent-ils toute
cette violence pour créer une nouvelle société où la paix règnerait
indéfiniment ? Veulent-ils établir le bonheur sur terre ? Non. Ces surhommes ne font qu’essayer de revenir à
l’ordre ancien, ordre qui a été modifié par l’action destructrice des vilains.
Les Jedis de Star Wars parlent d’un « désordre dans la Force » et
leur action ne vise donc qu’à rétablir « l’ordre ». Les gentils dans
Star Wars comme les super Héros des films et des séries sont en fait doublement
des réactionnaires. Ils sont réactionnaires premièrement car ils ne font que
réagir aux actions des méchants et n’ont pour ainsi dire aucune volonté propre,
aucun dessein autonome, aucun destin qui ne soit inextricablement lié à celui
de leur Nemesis. Ils sont aussi réactionnaires au sens politique du terme,
c’est-à-dire dans cette forme d’idéal qui affirme « qu’avant c’était
mieux » et qu’il faut à tout prix retrouver le status quo ante. Que ce
status quo ante soit Gotham, la cité de tous les vices et de toutes les
violences faites aux plus faibles, importe peu : Batman arrive toujours
après les dégâts et bien qu’il en ait le pouvoir (et l’argent), il ne lui vient
pas l’idée de reconstruire un monde nouveau, plus juste, plus sûr, plus humain
dans une ville abandonnée à la misère et au crime.
A quelle fonction
sociale dans le monde réel se rapprochent le plus ces personnages de fiction
qui attendent des ordres dans un bureau et qui cherchent à maintenir l’ordre
des choses au besoin en utilisant la violence ? A la bureaucratie bien
sûr ! C’est, il faut l’avouer, assez décevant, mais lorsque nous nous
identifions à Superman, à Merlin ou aux chevaliers Jedi, nous ne sublimons pas
notre désir de voler, de posséder des pouvoirs extraordinaires ou d’être des
héros pour notre entourage. Nous affirmons en réalité que nous ne voulons pas
que les choses changent de trop. La bureaucratie, avec sa régularité, sa
prédictibilité, son équité (même si elle n’est qu’apparente) répond à notre
besoin d’ordre et de stabilité. De fait, les super héros nous
interrogent : « A quoi bon refuser l’ordre bureaucratique et risquer
le chaos social, si c’est pour s’en remettre à des super-bureaucrates hyper-violents
et sans imagination et revenir au status quo ante ? »
L’utopie « super-héroïque » est une
utopie du désespoir
Ce que ces films
nous disent en définitive (pour autant que certains veuillent vraiment dire
quelque chose ce dont je doute parfois), c’est que le monde actuel avec tous
ses déséquilibres, ses injustices, ses limites, ses dangers et ses risques est
le seul vraiment possible. Il n’y en a pas d’autres et ceux qui promettent un
changement ne sont que des marchands d’utopie. La preuve ? Même dans un
monde imaginaire où le pouvoir et la force sont du côté des gentils, on finit
toujours par revenir au modèle de société que nous connaissons. Cette idée
qu’il ne sert à rien d’espérer, que nous sommes dans le meilleur des mondes
possibles, est le fond de « l’ontologie bureaucratique » : l’univers
est ce qu’il est, l’homme est comme il est, et il ne sert à rien d’essayer de
le transformer. Il nous faut simplement le « gérer ». Je voudrais poser ici l’argument inverse : C’est le monde actuel, celui qui, comme on l’a vu dans les posts précédents, est dominé par la bureaucratie, qui est utopique. Je vois plusieurs raisons qui appuient cette conviction.
Au fond, qu’est-ce que l’utopie si ce n’est de croire que le monde réel peut se conformer à une idée, à un modèle, que la pensée aura formulé sans contraintes ni limites d’aucunes sortes, dans le calme et l’isolation de son donjon intérieur. Cette définition ne correspond-elle pas quasiment terme à terme avec la prétention bureaucratique de faire entrer la totalité des possibles dans des procédures et des formulaires élaborés par des comités composés de gens vivants parfois bien loin des vicissitudes quotidiennes ? Croire que le monde, dans son incroyable diversité, va naturellement se conformer à un modèle informatique ou à une règlementation et qu’une fois le modèle posé ou la loi édictée, il ne changera plus, figé une bonne fois pour tous dans une perfection « idéale », voilà qui me semble être la plus parfaite illustration d’une pensée utopique (pour ne pas dire totalement dérangée).
Mais il n’y a pas que cela. Penser que les gens comprennent naturellement le langage bureaucratique, que tout le monde est capable de remplir un questionnaire sur sa situation financière ou même sur le contenu de sa valise est une pensée fautive. « Si chacun répondait comme cela a été prévu par les concepteurs du formulaire tout le processus fonctionnerait beaucoup mieux », entend-on souvent se plaindre les bureaucrates en charge de dépouiller et d’analyser les données collectées. Oui. « Si ». Et c’est exactement le point que je veux souligner ici. « Si » le monde était différent, on n’aurait pas besoin de le changer. « Si » les gens étaient parfaits, on ne chercherait pas à les contrôler. Avec des « si », disait-on, on mettrait Paris en bouteille ; avec les mêmes « si », on prend les bureaucrates en flagrant délit d’incohérence : C’est leur monde pur, aseptisé, symétrique, délimité, catégorisé, contrôlé qui est utopique.
En voici une
preuve avec une autre anecdote. Lors du passage à la douane en Australie, en
revenant de Nouvelle-Zélande, on nous a distribué un formulaire dans lequel il
y avait cette question extraordinaire : « Lors de votre séjour dans
le pays de départ, avez-vous été en contact avec de la terre ? ».
J’ai voulu répondre « Non, j’ai flotté à un mètre au-dessus du sol pendant
trois semaines ». J’ai finalement
simplement coché « non », en laissant au fonctionnaire toute liberté
d’imaginer et de rêver ce que pourrait être une existence sans jamais avoir
contact avec la réalité du sol et les dures nécessités de la gravité terrestre.
Dark Vador : La seule figure réellement humaine dans la saga
Mais revenons à la
question que je posais au début de ce post : Pourquoi Ilyan aime-t-il tant
Dark Vador et pourquoi cela me semble-t-il « bien » que mon fils
éprouve de l’affection pour un tel représentant du « mal » ?
Contrairement aux
héros et aux gentils qui attendent que « quelque chose se passe »
pour se réveiller, les méchants sont toujours les premiers à agir. Ils agissent
en toute liberté (si l’on exclut bien sûr les déterminismes psychologiques qui
les conduisent à vouloir devenir maître du monde ou à le détruire) poussés par
leur seule ambition et par leurs passions destructrices. Ils sont actifs, créatifs,
capables d’élaborer des plans complexes pour arriver à leurs fins. Ils ont une
vision de l’avenir (même si elle est rarement attractive pour autres qu’eux)
qui est une rupture totale avec la situation dans laquelle ils se trouvent au
début de l’histoire. En ce sens, ce sont des anti-bureaucrates même s’ils
s’appuient parfois sur des bureaucraties encore plus stupides que celles qu’ils
entendent subjuguer ou détruire. Ils utilisent la violence mais rarement pour
faire seulement peur ou pour passer simplement des messages de menace : le
plus souvent il s’agit réellement de détruire toute opposition à leurs plans
grandioses. Ils ne « gèrent » pas la réalité avec le souci de
l’ordre : ils créent un monde chaotique à leur image.
Dans « La
Guerre des étoiles », Dark Vador est le seul personnage avec une
quelconque profondeur psychologique, et le seul à faire des choix politiques et
moraux (même si ses choix changent au cours de la saga). C’est un loup
solitaire en rébellion contre l’appareil d’Etat de la République (représenté
par l’ordre des Jedi) qui n’a pas su protéger la femme qu’il aimait. Le ressort
psychologique qui l’anime est certes la colère, mais c’est une colère très
particulière puisqu’elle est dirigée contre l’impuissance. Cette colère a un
autre nom, connoté bien plus positivement celui-là : c’est celui de « révolte ».
Dark Vador est en révolte contre l’incapacité de la République, symbolisée par
cette gigantesque assemblée des peuples dont les innombrables représentants
anonymes et sans visages flottent en apesanteur et sont incapables de prendre
la moindre décision. Il y a d’ailleurs là une critique à peine voilée de la
démocratie bureaucratique. Sa révolte, qui se transforme parfois en furie
meurtrière, n’est d’ailleurs pas réservée aux Jedis et à leurs alliés. Elle
vise tout autant l’administration militaire de l’empire (celle qui dirige sa
machine de guerre constituée de vaisseaux, d’étoiles de la mort, de
stormtroopers et de clones robotisés) pour laquelle il n’a que mépris et dont
il assassine ou terrorise les chefs lorsqu’ils faillissent à leurs missions.
Dark Vador n’est
donc pas cet archétype un peu trop « évident » du méchant en lutte
contre le bien comme le scénario assez linéaire et tartiné de bons sentiments le
laisserait croire à des fans subjugués par des effets spéciaux spectaculaires.
Il s’oppose en réalité à toutes les formes de bureaucratie, c’est-à-dire à
toutes les formes d’impuissance et de défaitisme. Il n’abandonne pas (la
première étoile de la mort détruite, il donne l’ordre d’en faire reconstruire
une autre) et ce n’est que lorsque le « vrai mal » représenté par
l’empereur lui apparait finalement pour ce qu’il est, qu’il change de camp.
Les Open Villages pour espérer
Dans aucun des
villages dans lesquels nous avons été reçus on ne nous a demandé le moindre
« visa ». Nous avons filmé les habitants et on ne nous a jamais
demandé de remplir un formulaire garantissant leur droit à l’image ou les
protégeant contre tout ce que nous pourrions écrire à leur sujet ou les
déchargeant de toutes responsabilités sur les idées que nous pourrions exprimer
en leur nom. Nous les avons distraits de leur travail quotidien et ils ne nous
ont pas non plus demandé de leur remplir une feuille de temps ou une
attestation d’arrêt de travail.
Dans aucun de ces
villages, nous n’avons vu des policiers en patrouille, ou mieux, cachés
derrière des feuilles de bananiers pour attraper en flagrant délit d’excès de
vitesse des enfants en retard pour l’école. Bien sûr, sans policiers, pas de
matraques et pas plus de fusils d’assaut. Lorsque nous avons vu des
fonctionnaires, ils n’étaient que de passage pour des « contrôles
techniques » et personne ne leur prêtait la moindre attention.
Dans tous ces
villages, on rêve de l’avenir et on décide souverainement si on veut qu’il soit
différent ou non du présent. On ne laisse pas ce genre de délibérations et de
décisions à des experts du gouvernement. D’ailleurs, le gouvernement, il y a
belle lurette que l’on ne compte plus dessus et on ne s’en porte pas plus mal.
Il faut être
réaliste, disais-je dans le premier post de cette série. Mais de quelle réalité
parle-t-on ? De celle dans laquelle des esprits limités veulent nous
enfermer avec la violence pour seule levier conviction ? Ou celle toujours
possible, toujours présente MAIS TOUJOURS A REINVENTER qui nécessite de la
créativité, de l’innovation, de l’imagination d’esprits libres des cases et des
catégories dans lesquelles un certain système ne cesse de nous enfermer ? Je
crois bien qu’il va falloir que je vous parle bientôt de la « Revolución »…
Ça tombe bien nous sommes arrivés en Amérique centrale !
Pour lire les articles précédents de la série:
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