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mardi 6 septembre 2016

Souvenez vous des espagnols, souvenez vous des nègres.

Juste avant de rentrer chez nous, comme en point final à la "grande migration" qui nous a fait faire le tour de la terre, nous avons passé une belle journée avec un vieil ami de Tarbes, Emilio. A l’ombre de la jolie maison en bois qu'il a construite tout seul, dans son jardin dans lequel il fait pousser des tomates savoureuses et du piment d’Espelette, papi « Milou » (c’est comme ça que les enfants l’appellent depuis qu'ils sont tous petits) nous a donné à lire les premières pages de son autobiographie. Oriane a lu à voix haute, et nous autour d’elle, dans une émotion perceptible, nous avons écouté son histoire, celle d'un petit garçon de 7 ans dont le père avait fui le régime franquiste pour la France au lendemain de la seconde guerre mondiale. 


Restés seuls en Espagne, et sans nouvelles du père, sans savoir même si il était encore vivant, Milou et sa maman tentèrent une première fois de le rejoindre en passant la frontière clandestinement avec un groupe assez nombreux de réfugiés. Ils durent rebrousser chemin car la route indiquée par les passeurs était beaucoup trop dangereuse pour un petit garçon. Milou se souvient  des pauvres âmes happés par les ravins, des cris, des pleurs, de la mort... 




Une seconde fois, ils repartirent tous les deux avec un berger qui leur promit de les conduire jusqu'en France. Le passeur exigea l'argent avant de partir et pendant toute la longue route à travers les Pyrénées, Milou et sa maman craignirent que le berger ne les abandonnât sur le chemin, ou pire... Milou se souvient de cette angoisse qui leur serrait le cœur à chaque fois que le berger disparaissait pour un moment de leur champ de vision.

Ils arrivèrent finalement à Tarbes où ils furent immédiatement incarcérés dans un camp de réfugiés en attendant que leur situation soit régularisée. Les conditions d’hygiène dans le camp étaient très mauvaises. Milou se souvient de l'humiliation lorsque, devant lui, sa maman devait faire ses besoins dans un morceau de papier journal qu’elle tenait à la main avant de le jeter par la fenêtre. 




Ils finirent par sortir du camps et retrouvèrent le papa de Milou à Tarbes où il vivait dans une petite chambre exiguë dans un quartier pauvre. Milou se souvient qu'on appelait ce quartier « les nègres » parce que n'y habitaient que des réfugiés espagnols. Les nègres...

A 76 ans, Milou se souvient de tout cela et, à la fin de la lecture, nous a dit quelque chose de simple : « Quand tu as vécu ce que j'ai vécu, tu ne peux pas être raciste et fermer ta porte aux réfugiés. » Son histoire est une réponse simple à tous ceux qui veulent nous faire croire qu’il est somme toute naturel de rejeter les nouveaux arrivants venant d’Asie, d'Afrique ou des pays arabes. Ils n'ont pas la même culture, nous dit-on, ils ne partagent pas notre histoire européenne commune et nos valeurs chrétiennes. Souvenons-nous à notre tour que ces espagnols qui venaient chercher la sécurité et une vie meilleure sur notre sol, ces européens à la peau blanche et ces bons chrétiens, nous les traitions comme des « nègres »; souvenons-nous qu'en 1939, en moins de 6 mois, près de 15 000  d'entre eux sont morts d'épuisement et de maladie dans des camps d'internement français dont certains, ironie de l'histoire, étaient gardés par des tirailleurs sénégalais; souvenons-nous aussi que ces réfugiés mal aimés, non désirés, non "choisis", ont grandement participé à la résistance contre l'occupant nazi et à la reconstruction de la France après la libération...



Je pose alors cette question à tous ceux qui font de la politique à la petite semaine, qui oublient que l’histoire des peuples, des valeurs qui les façonnent, de l'image qu'ils projettent sur le monde, s'écrit sur des temps longs, bien plus longs qu'une échéance électorale ou qu’une guerre, au moins aussi longs que la vie d'un homme de 70 ans qui se souvient encore. De quoi voulons-nous que les maliens et les syriens qui vivront sur notre sol se souviennent lorsqu’ils raconteront leur mémoires ? De quoi voulons-nous que le monde se souvienne lorsque dans un tout petit siècle sera écrite l'histoire de France que nous faisons aujourd’hui ?

2 commentaires:

  1. Emilio a-t-il publié ou du moins mis en ligne son autobiographie ?

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  2. Un jour dans un camp de prisonniers en Allemagne, où il y avait beaucoup d'espagnols prisonniers, il arriva un français lui aussi prisonnier, les espagnols lui crièrent : "A votre tour maintenant, messieurs les français"
    Ce ne sont pas les français qui se sont mal comportés avec les exilés espagnols mais la République française. C'est elle qui fait le mal puis accuse le peuple français. C'est elle qui a livré les quelques 150 000 harkis à leurs égorgeurs.
    Il faudrait un dictionnaire pour ramasser toutes ses saloperies.
    Merci de votre blog

    Baudouin

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